Mais c'est toi l'électricien, répondit Djamil.
Alors, commençons par en haut. »
S'éclairant à l'aide d'une lampe de poche, ils gravirent
l'escalier. À présent, cette ascension par les degrés branlants ne
faisait plus peur à Taïr. Il savait que l'escalier résisterait aux
assauts les plus frénétiques de la tempête.
En haut, le vent hurlait de plus belle. Taïr enfonça sa
casquette jusqu'aux oreilles. Tenant sa lampe devant ses yeux,
il examinait le fil qui frissonnait dans le vent déchaîné.
«
Ici tout va bien, dit-il.
Descend, fit Djamil. C'est trop compliqué, nous n'y
arriverons pas.
Oui, descendons, dit Taïr. Seulement, il faut que nous y
arrivions.
Les minces rayons de la lampe de poche, glissant sur le
derrick, avaient l'air de sauter. En bas, les autres ouvriers, tâtant
le fil, cherchaient avec eux.
«
Ici, ici ! cria tout à coup Gricha. Hé, camarade électricien,
viens ici, montre ce que tu sais faire… »
La rupture s'était produite tout en bas, à l'un des socles de
l'installation, à environ un mètre de l'eau. Descendre et
travailler denuit n’étaient pas chose facile.
La résolution de Taïr fut vite prise. Il défit sa ceinture, y fixa
la lampe de poche, l’attacha à sa poitrine et demanda une corde.
Guéïdar lui en apporta une et la lui passa sous les aisselles.
Taïr descendit, tenant l'extrémité du fil entre ses dents.
«
Maintenant, tenez bien la corde. Si je tombe à l'eau, vous
n'aurez qu'à tirer… Bon, j'y suis ; c'est tenable. »
S'appuyant du pied à une saillie, gardant tant bien que mal
l'équilibre au-dessus des vagues écumantes qui l'éclaboussaient,
il tira un canif de sa poche et se mit à nettoyer le fil, tenant entre
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron