Taïr les regardait sans bouger :ils travaillaient sans doute aux
sondes.La jeune fille pouvait avoir de seize à dix-sept ans. Elle
était svelte et ses longues tresses châtaines lui venaient presque
jusqu'aux talons; elle baissait les yeux, comme gênée, sous le
regard de Taïr. Son compagnon, après avoir déposé sur la table
le dossier qu'il tenait sous le bras, observa la chambrée. Il était
fraîchement tondu et rasé, et de fines m
ousta
ches naissantes
faisaient une ligne sombre au-dessusdeseslèvres.
«
Eh bien, les gars, dit-il, croyez-vous avoir bien agi ?
Les autres, n’étant pas au fait, gardaientle silence.
«
Si vous continuez à vous conduire ainsi, personne ne
voudra plus venir vous voir.
Pourquoi ? Qu'avons-nous fait ? »demanda enfin Sa-
mandar.
Vous devriez bien le savoir : un
Komsomol
du trust voisin
vient chez vous en ami, vous vous lancez dans une discussionet
vous lui tombez tous dessus.
Bilandar, qui se tenait à l’écart, appuyé au chevet de son lit,
fit observer avecunecertaine impatience :
«
Étant secrétaire de l’organisation du
Komsomol
,
camarade
Dadachly, tu devrais être mieux renseigné sur ce qui s'est passé.
Mekhman disait des choses qu'il n'aurait pas dû dire.
Qu'il n'aurait pas dû dire ? Dadachly se tourna vers
Bilandar, l’air étonné.
Oui, oui, il parle beaucoup trop de l'aide des alliés… Et
nous, nous lui avons répondu : s'ils étaient de vrais alliés,
pourquoi ne nous ont-ils pas aidés dès le début ? Et plus tard,
pourquoi ont-ils tant traîné ? »
Dans les grands yeux de Bilandar la flamme de la colère
s’était allumée. Ilcontinua :
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CHAPITRE I