Dadachly s'était levé :
«
Je vous avoue que je suis très fatigué : j'ai travaillé cette
nuit. »
Quand ils furent près de la porte, Taïr se remit à fixer Latifa.
«
Une jolie fille », sedit-il.
«
Allons au trust », dit Djamil. Et, s'étant levé, il passa son
bras sous celui de son ami.
3
Koudrat Ismaïlzadé avait quarante ans bien sonnés, mais il
ne les faisait pas. Certains s'en étonnaient, surtout ceux qui ne
quittaient pas le puitspendant plusieurs jours de suite. D'autres
pensaient, en voyant le visage large et souriant du directeur, ses
boucles noires aux reflets bleutés et sa forte carrure, qu'il se
ménageait, ne se refusait ni les divertissements, ni une heure
de sommeil supplémentaire, et que s'il réussissait, c'était
peut-être grâce aux efforts des autres.
Ce jour-là encore, un des collègues avec lequel il travaillait
depuis longtemps dans l'industrie du pétrole et qui était venu lui
emprunter des tubes de forage, ne put s'empêcher de dire :
«
Comment fais-tu pour paraître si reposé ? On dirait
vraiment que tu n'as aucun souci. »
—
C'est que le sort me favorise », répondit Ismaïlzadé.
Mais l'autre, qui avait vieilli dans le métier et savait que le
fatalisme était bien la dernière chose dont on put soupçonner
Koudrat, répéta sa question :
«
Je te parle sérieusement ! Comment fais-tu ? Dis-le-moi,
pour que j'en fasse autant. »
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron