passait dans le monde. Ils ne se disaient pas qu'un jour
peut-être, le peuple serait le maître de cette terre. Mais tout a
changé quand le pouvoir des Soviets a été instauré à Bakou et
que le camarade Kirov est arrivé. Kirov a dit : la terre appartient
au peuple ; si l'on fonce rationnellement les puits on pourra
extraire beaucoup plus de pétrole. Il faut donc aimer la terre et
bien la traiter. »
Taïr voulut à son tour montrer à Djamil que, venu de la
campagne, il savait, lui aussi, ce que c'est que la terre, et dit:
«
Il avait raison. La terre est capricieuse ; si l'on n'en fait
qu'à sa guise, si on ne lui permet pas de se reposer, si on ne
l’engraisse pas, elle se rebiffe et ne donne pas grand'chose. »
Djamil hochalatête.
«
Non, mon vieux, le secret de la terre à pétrole n'est pas là.
Tu le sauras quand tu suivras les cours. On y apprend des
choses très intéressantes. Il paraît que les patrons d'autrefois
étaient continuellement en lutte. Si l'un d'eux fonçait un puits,
un autre forait tout à côté pour lui souffler le pétrole. »
La chaloupe était arrivée au niveau d'une longue rangée de
derricks marins. Hauts et gracieux, tout ajourés, ils sortaient de
la mer et montaient vers le ciel. Taïr les regardait comme on
regarde des constructions féeriques.
«
Et ils ne s'enfoncent pas ? » demanda-t-il, ne pouvant plus
se contenir.
Djamil sourit :
«
Comment s'enfonceraient-ils puisqu'ils sont construits sur
des pieux defer qui sont plantés au fond ? »
Etle vent neles renverse pas ?
Mon vieux,les ingénieurs ont tout calculé.
Taïr se tutun instant,puis il posa une nouvelle question :
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CHAPITRE II