«
Et à quelle profondeur vont-ils sous l'eau ?
Celui-ci, à quinze mètres ;le nôtre encore plus bas. »
Et Djamil continuait ses explications :
«
Autrefois, la technique n'était pas aussi perfectionnée. On
ne pouvait pas forer en mer ; mais aujourd'hui même en haute
mer tu vois tous ces derricks ? »
De son bras tendu, il désigna avec orgueil le derrick le plus
proche.
Celui-ci semblait abandonné : on n'y voyait personne. Un
étranger aurait pu croire qu'on avait foré en vain, qu'on n'avait
rien trouvé et qu'on étaitparti.
«
Maintenant, il nous donne chaque jour plus de cent
cinquante tonnes de pétrole » dit Djamil ; et lisant l'incrédulité
dans les yeux de Taïr, il ajouta, pour dissiper ses doutes :
«
Tu vois ces minces tuyaux ? Ils portent sans arrêt le pétrole
au rivage, tiens, à cesréservoirsque tu vois là. »
La chaloupe glissait vertigineusement entre les puits et faisait
cap vers un derrick quise dressait seul en pleine mer.
On était terriblement balloté. La chaloupe menaçait de laisser
des lamesembarquer. Taïr, qui avait peur qu'elle se retournât,
avalait convulsivement sa salive et Djamil, pour le réconforter,
lui disait :
«
Ça, ce n’est rien ! Tu n'as encore jamais vu une vraie
tempête… ça vous colle des trois, et même des quatre jours au
soudage. »
Taïr le regarda, les yeux écarquillés:
«
Mais alors, c'est bien dur de travailler là-bas ?
Dur ? Pourquoi ? Tu verras toi-même. Ce sont les
machines qui font le plus difficile. Sinon, à quoi serviraient-
elles?
40
MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron