paroles. Et il retrouvait en lui quelque chose de ce qu'il avait été
dans sa jeunesse.
«
Ça va »dit-il enfin.
Etse tournant vers les ouvriers, il ordonna :
«
Retirez les tubes ! »
Les ouvriers obéirent. Gricha, un jeune rouquin, dévissa le
premier tube de forage avec une clé qu'il passa à un camarade.
Celui-ci fit également quelques tours. Le tube se détacha, fut
saisi par un crochet qui le souleva, lui fit décrire un arc régulier,
et le déposa de tout son long sur la plate-forme. Cette opération
peu compliquée avait pris quelques minutes. Taïr, qui suivait
chaque geste des ouvriers et qui avait hâte d'en savoir
davantage, demanda à Ramazan :
«
Qu’il y a-t-il,
ousta
? »
Cette impatience plut à Ramazan, mais à son habitude il
répondit, un peubourru :
«
Ne te presse pas, on te dira quand le moment sera venu. »
Taïr le crut fâché. Mais il le vit aussitôt qui levait la tête et
criait à l'ouvrier perché bien haut dans cette tour de fer :
«
Attention,Guéïdar,monfils ! »
À son tour, Taïr leva la tête vers l'ouvrier auquel ces paroles
étaient adressées. Et il vit Guéïdar attraper adroitement à l’aide
d'un crochet le bloc qui s'élevait et l'unir au tube, quis'abaissa
aussitôt.
«
Et maintenant, à vous » dit
ousta
Ramazan aux ouvriers de
la nouvelle équipe. Puis, se tournant vers Taïr, il ajouta :
«
Et toi aussi, mon fils, prépare-toi :tu vasmonter toutde
suite… »
Le jeune homme tressaillit : grimper là-haut, c'était ce qu'il
craignait le plus au monde.
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CHAPITRE II