deux petites poches ; d'une de ces petites poches sortaient les
bouts de deux crayons soigneusement taillés. Elle avait en main
un gros livre recouvert de papier journal.
Et Taïr la reconnut : c'était elle qui était venue avec Dadachly
dans leur chambre.Elle aperçut Djamil et lui adressa un salut
timide. Puis elle regarda Taïr, sa vareuse tachée d'argile, et eut
un sourire moqueur ; elle avait dû le reconnaître.
Il songea : « Elle se moque de moi… est-ce parce que je suis
un novice, ou à cause de toutes ces taches? »
Mais déjà Latifa avait cessé de sourire et s'éloignait d'un pas
rapide. Et Taïr, immobile, la regardait s'en aller : elle avait une
autre tresse qui luipendait dansledos.
«
N'est-ce pasla jeune fille d'hier ?demanda-t-il à Djamil.
Oui, pourquoi ?
Et elle travaille ici ?
Oui.
Il aurait voulu la voir de plus près, mais il était trop tard : elle
avait déjà sauté dansla chaloupe et était partie.
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En somme, le visage maussade du vieux maître ne plaisait
pas beaucoup à Taïr. Il se dit qu'
ousta
Ramazan était trop
sévère, et se demanda s'il devait rester à Bakou.
La première impression qu'il avait eue de lui ne s'était pas
dissipée. Ramazan ne lui avait pas jeté un seul regard bienveil-
lant ou approbateur. Il n'avait dû l'accepter que pour obéir à
l'ordre de ses chefs, il lui chercherait noise à toute occasion, il
lui rendrait la vie impossible pour l'obliger à quitter le puits et
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CHAPITRE II