à rentrer à la campagne. Voilà ce que se disait Taïr, et il en était
tout chagriné.
Au matin, quand l'orbe rouge du soleil se montra à l'horizon
bleu verdâtre sur une mer calmée, Taïr et ses camarades prirent
place dans la chaloupe qui allaitchercherlarelève.
Quand ils eurent accosté, le maître foreur fit quelques pas
et s'arrêta pour attendre Taïr. Il arrivait avec Djamil. Ramazan
sourit, ce qui fit danser sesm
ousta
ches.
«
Eh bien,lederrick t'aplu ? » demanda-t-il.
L'espoir renaissaiten Taïr.
«
C'est un bon travail,
ousta
,
dit-il. Je croyais qu'en quittant
le derrick, je serais plein de mazout. Comme les ouvriers du
pétrole qu'on voit au cinéma. »
Ousta
Ramazan montra, non loin de là, des ouvriers occupés
à réparer laroute asphaltée.
«
Comme ceux-là, mon fils, ça arrive…Tu as tout de même
bien fait de venir. Notre métier n'est pas facile, mais il est
honorable. Chaque fois qu'on a creusé un nouveau puits, on sait
qu'on a travaillé pour une grande cause. Le camarade Kirov me
disait toujours : “Camarade Ramazan, l'ouvrier du pétrole est
noir au dehors, mais son cœur est un diamant pur.” »
Le maître foreur avait prononcé le nom de Kirov avec
amour, comme un nom proche et cher, et Taïr se rappela ce qu'il
avait lu dans les journaux et dans les livres au sujet de Kirov :
son courage pendant la guerre civile(notamment à l’occasion
de la défense d'Astrakhan), ses efforts consacrés au bien du
pays des Soviets, son activité en Azerbaïdjan. Il revit le
monument grandiose du parc Nagorny à Bakou. Ainsi donc, il
marchait avec un homme qui avait connu Kirov de près, qui
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron