puits il a fallu arrêter le travail pendant deux jours parce qu'il
n'yavait pasde trépans. »
Ramazan s'assit, posa sa casquette sur ses genoux, et
répondit :
«
Même négligence que chez nous ! Et dire que c'est pour
des raisons pareilles que notre trust est en retard. C'est à mourir
de honte ! L'incurie de ces gens-là cause du préjudice à tout le
pays. Si je ne songeais pas, quand je vais au travail, à toutes les
fabriques et usines qui attendent notre pétrole, je ne me
presserais évidemment pas. Quand on travaille il ne faut pas
toujours compter les heures, il faut savoir écouter sa
conscience. »
Le téléphone appelait. Ismaïlzadé prit rapidement le
récepteur.
«
Camarade Badirli, le repos est une bonne chose, mais je
m'étonne que vous puissiez dormir tranquille quand nos affaires
vont si mal. Pourquoi les tubes destinés au 155 sont-ils toujours
sur le quai ? On ne vous donne pas de bateau ? Débrouillez-
vous pour qu'on vous en donne un ! Il y a des choses qu'il faut
savoir obtenir, camarade Badirli ! »
Seul le frémissement de sa lèvre supérieure trahissait son
énervement. Il jeta un coup d'œil sur sa montre-bracelet et reprit:
«
Il est exactement minuit. Deux heures vous suffisent…
Quoi, c'est trop peu ? Eh bien, je vous retranche une demi-heure
pour vous apprendre à ne pas marchander. »
Koudrat reposa le récepteur, et s'adressant au maître foreur:
«
Vois l'heure qu'il est à ta montre,
ousta
.
Si dans une heure
et demie les tubes ne sont pas arrivés, téléphone-moi. »
Ousta
Ramazan tranquillisé jeta un coup d'œil sur sa grosse
montre et se leva pour partir.
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CHAPITRE II