pièce. Il s'était déjà reproché cent fois d'avoir été si peu à la
maison ces jours derniers : eh bien, il allait rentrer tout de suite.
Il fit tourner la clé dans la serrure de son bureau et appela la
secrétaire.
«
Allez vousreposer,moi je rentre à la maison. »
Il était déjà sur le seuil quand de nouveau le téléphone
l'appela.
«
Allô,allô…Comment, un incident? Où ça ? Bon, j'arrive !»
Il lâcha le récepteur et sortit en courant.
Dans la cour, il réveilla le chauffeur qui dormait sur son
siège :
«
Au 154 ! »
Déjà l'auto filait vers la mer.
Dix minutes plus tard, Koudrat était dans la chaloupe et
voguait vers le 154, qui se dressait à deux kilomètres du rivage.
Il débarqua d'un bond et se hâta vers le lieu de l'incident. Au
prix d'efforts surhumains, un groupe d'ouvriers s'efforçait de
contenir la boue qui jaillissait du puits avec violence.
En pareil cas, Ismaïlzadé agissait toujours vite et résolument.
Ayant apprécié la situation d'un coup d'œil, il donna l'ordre de
fermer la colonne à l'aide d'un vanne d'arrêt de six pouces.
Donner des ordres était infiniment plus facile que les
exécuter. Ce jet frénétique où la boue se mêlait au gaz,
charriait de petites pierres et des paquets d'argile.Les jeunes
ouvriers, effrayés, reculèrent ; mais Koudrat s'élança le premier
pour leur donner du courage.
«
Ne craignez rien, les gars ! cria-t-il. Il n'y a pas de quoi
avoir peur ! Suivez-moi ! »
Les jeunes gens s'enhardirent et s'approchèrent de la vanne
qui gisait près du puits. Au même instant, la fontaine hurla plus
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron