le dire : quand on demande à un bébé de faire quelque chose, on
est obligé de le refaire après lui. Nous pensions que tu étais un
homme, qu'on pouvait compter sur toi, et voilà ce que tu fais !»
En entendant ces paroles caustiques du vieillard, Taïr se
souvint de la première impression qu'il avait eue de lui et
songea avec amertume : « Je ne m'étais pas trompé, le voilà qui
montre enfin son dard ! »
Ousta
Ramazan, pressé d'arrêter l'absorption de la boue,
désigna une caisse remplie de poudre de verre mélangée à du
ciment :
«
Apportez-la ici ! »
Les ouvriers s'exécutèrent rapidement. Déjà ils jetaient de
ce mélange dans la boue. Debout près d'eux,
ousta
Ramazan
donnait des ordres.
«
Encore !Ajoutez-en encore ! »
L'émotion du vieux maître, qui était toujours si calme, fit
comprendre à Taïr toute l'étendue de sa faute. Et à plus d'une
reprise il vit
ousta
Ramazan qui le regardait en hochant la tête
d'un air de reproche.
Enfin, la chaloupe arriva. Elle amenait Dadachly avec les
ouvriers de l'équipe de jour. Il salua cordialement tout le monde,
y compris Taïr. Ayant remarqué l'air sombre du jeune homme,
il lui demanda de vive voix:
«
Pourquoi ne t'es-tu pas encore fait enregistrer ?
Parce qu'il a encore un pied chez lui, au village, répondit
ousta
Ramazan. Et voilà les fruits de son travail. Il montrait le
collecteur. Un
Komsomol
doit donner l'exemple, mais lui !
Qu'est-ce qu'il a fait ?
Il a fait ce qu'il a pu. Il n'a même pas su voir que la boue
s'échappait ! »
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CHAPITRE III