Pendant la guerre, je me taisais, je me faisais une raison,
je me disais: pour tout le monde c'est la même chose… Mais
maintenant, pourquoi ne rentres-tu pas chaque jour? Je te
réchauffe cent fois ton dîner. »
Ousta
Ramazan lui répondit :
«
Laisse-moi travailler en paix, je t'en prie. Le puits doit être
terminé un mois avant la date fixée. C'est maintenant que la
bataille pour le pétrole va vraiment commencer. Un homme ne
doit pas fuir le champ de bataille. »
Taïr, qui se sentait visé répondit en fronçant le sourcil :
«
Non,
ousta
,
et je ne fuirai pas, moi non plus ! Je
n'abandonnerai pas le champ de bataille ! »
4
La mère de Koudrat Ismaïlzadé, la vieille Toukezban,
racontait souvent à sa petite-fille des histoires étonnantes.
Lalé, sa bru, travaillait au trust, et c'est elle qui s'occupait de
l'enfant. Le matin Chirmaï allait à l'école, et le soir elle écoutait
les récits de sa grand'-maman.
Ce jour-là, comme tous les autres jours, Chirmaï accourut
vers Toukezban, qui était assise sur le sofa les jambes repliées
sous elle, comme toujours quand elle racontait des histoires, et
posa sa tête sur les genoux de sa grand'mère.
«
Maman a dit qu'elle reviendrait tard aujourd'hui. Alors
raconte-moi deux histoires au lieu d'une, tu veux bien,
grand'mère ?
Je peux même t'en raconter trois ! »
Après un instant de silence, elle demanda :
«
Laquelle veux-tu ?
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MEKHTI HOUSSEIN
.
Apchéron