jour, un jeune homme arriva. C'était Lénine qui l'avait envoyé
en lui disant : “Va, tu aideras les ouvriers de Bakou.” C'était un
ami des ouvriers. Il leur dit : “Si vous acceptez de souffrir plus
longtemps, vous ne ferez toute votre vie que rêver à la lumière,
sans en voir jamais un seul rayon. Ici-bas, c'est l'usage : le riche
arrache au pauvre son dernier morceau de pain.” Seïran
entendit ces paroles, et il lui demanda : “Que devons-nous faire
?”
L'autre lui répondit : “Serrons-nous épaule contre épaule et
personne ne pourra avoir raison de nous.” À partir de ce jour,
les camarades de Seïran se serrèrent épaule contre épaule. Ils
entourèrent le jeune homme et jurèrent de vaincre ou de mourir
ensemble.
Chirmaï ne put se retenir de demander :
«
Et comment s'appelait-il, ce jeune homme, grand'mère ?
Ne sois pas si pressée, ma petite Chirmaï, je te le dirai,
répondit Toukezban en caressant les cheveux de la
fillette.Seïran devint bientôt l'ami du jeune homme. D'ailleurs,
tous les ouvriers l'aimaient. Tout ce qu'il disait était une loi pour
eux. Mais les ouvriers avaient beaucoup d'ennemis. Et ces
ennemis apprirent l'arrivée du jeune homme à Bakou. En ce
temps-là, il y avait des gendarmes. Tu ne sais pas ce que c'est,
tu n'en as jamais vu. Tous ceux qui parlaient mal du tsar, ils les
attrapaient et les jetaient en prison. Ils se mirent à la recherche
du jeune homme que Lénine avait envoyé. Les ouvriers ne
dirent pas où il se cachait pour échapper à ses ennemis. Ils ne
le livrèrent pas. Ils auraient été à la mort plutôt que de dire un
mot aux gendarmes. Et ceux-ci avaient beau chercher, ils ne le
trouvaient pas. Entre-temps, grâce à ses camarades, Seïran avait
fini par se trouver une chambre et il partit à la campagne
chercher sa mère et sa fiancée. Mais quand il arriva, il apprit
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MEKHTI HOUSSEIN
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Apchéron